Joël Guin : « Il est temps de se mettre au travail »
- 31 juillet 2020
- Jamil Zéribi
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Après les deux premiers conseils communautaires marqués par quelques échanges tendus, le nouveau Président du Grand Avignon, Joël Guin, nous a reçu durant près d’une heure pour aborder les projets de sa mandature. Il est apparu, à la fois serein, ouvert au dialogue et déterminé à répondre aux attentes des habitants de notre territoire.
En préambule, nous souhaitons vous poser la question suivante : Avez-vous passé un accord avec le RN pour obtenir la Présidence du Grand Avignon ?
Je vais être très clair, nous sommes partis sur une gouvernance partagée au sein du Grand Avignon. Je ne partage pas la phisolophie politique de certains maires qui ont été élus, mais ils ont été élus par le peuple que je sache. Est-il necessaire et juste de les exclure et donc de ne pas respecter les électeurs ?
Je travaille en totale transparence, des collègues maires du Grand Avignon m’ont demandé de me présenter à la Présidence de notre institution, j’ai fait des réunions ou tout le monde était invité sauf les 4 maires qui étaient en campagne pour le second tour des municipales.
Durant ces discussions, nous sommes partis sur une gouvernance partagée avec une représentativité de chacun des maires élus. Ensuite, Cécile Helle a annoncé sa candidature à la Présidence en précisant qu’elle excluait les maires RN. J’ai eu Cécile Helle au téléphone pour lui dire mon désaccord.
« Certaines attitudes relèvent de la politique politicienne »
A partir du moment où le RN n’est pas un parti interdit et que des électeurs votent pour lui, il est normal qu’il soit représenté, c’est la démocratie. L’exclusion et la diabolisation ne sont pas les meilleures méthodes pour décrédibiliser, au contraire, on victimise et on renforce. Cette stratégie d’exclusion a contribué au développement du FN en France.
J’ajoute que pour le bon fonctionnement technique et politique du Grand Avignon, il faut pouvoir associer les maires aux décisions, dans les réunions du conseil des Vice-Présidents notamment car c’est l’organe de décision.
Disons-le, certaines attitudes relèvent de la politique politicienne. Il est temps de se mettre au travail.
Serez-vous un Président plutôt gestionnaire et technique ou un Président animé par de grands projets et de réelles ambitions ?
Avec les maires qui m’ont soutenu, nous allons travailler sur un projet et dans ce projet, l’écologie sera au centre de nos préoccupations. Nous y mettrons les moyens qu’il faut. La bonne gestion est nécessaire pour atteindre des objectifs ambitieux. Il ne faut surtout pas opposer les deux.
« Je souhaite travailler main dans la main avec Cécile Helle »
Quelle sera la place de la ville d’Avignon par rapport aux autres communes dans votre projet de mandature ?
C’est un équilibre qu’il faut trouver dans le cadre de la concertation et dans le cadre d’un travail de groupe. Avec Monsieur Roubaud, je pense qu’Avignon a été bien servie et notamment grâce aux votes des autres communes. Je souhaite travailler main dans la main avec Cécile Helle, elle le sait, je lui ai dit. C’est pas Joël Guin ou Cécile Helle qui comptent, au delà de nos personnes, c’est le territoire qui est important. Je suis sur cette logique et je n’en démordrai pas.
Quelles sont vos priorités dans le domaine du développement économique ?
Notre priorité c’est d’abord d’accompagner les entreprises impactées par la crise du Covid-19. Nous avons construit un plan d’urgence. Avec la Région, nous avons mobilisé près de 900 000€ d’aides pour soutenir et accompagner les entreprises. En conseil communautaire, nous avons également voté le dégrèvement de la CFE pour les entreprises des secteurs impactés par le Covid-19. Ce qui correspond à un montant de 1,6 millions d’€.
« Une zone de 157 hectares à Entraigues spécialisée à 60% dans l’agroalimentaire »
Au delà de cette crise, le développement économique est une priorité de notre mandature. Le projet de la zone d’activité du Plan à Entraigues est un projet très ambitieux qui porte sur 157 hectares. Le maire d’Entraigues Guy Moureau souhaite y développer l’industrie de l’agroalimentaire à 60% ainsi que de la logistique et de l’artisanat.
Ensuite, il y a le projet Confluence qui nécessite un travail de concert entre la ville d’Avignon et le Grand Avignon. La gare TGV est une entrée d’Avignon, il faut aller vite sans pour autant se précipiter. Il y a une date butoir pour le permis de construire, il va falloir que ça démarre. Je compte bien aborder ce sujet avec Cécile Helle de façon positive afin que ça profite au territoire d’Avignon.
Concernant Avignon Nord, il y a 15 hectares environ de foncier disponible. Je souhaite travailler sur la logistique du dernier kilomètre qui permettrait de réduire le nombre de poids lourds sur le réseau routier. La sortie d’autoroute permet une proximité et une bonne redistribution.
Dans le cadre de l’économie circulaire, avec Sidomra (Syndicat mixte pour la valorisation des déchets du pays d’Avignon), j’ai amorcé le projet de la production d’hydrogène vert, il va falloir aller plus loin car nous avons l’espace ainsi que la possibilité de tout installer.
Il y a également le circuit de fournitures de vapeur verte. On fournit de la vapeur verte sur Continental Food, il y a l’amorce d’un circuit. Nous devons aller beaucoup plus loin. Il y a une économie et des aides conséquentes au niveau de l’Europe mais aussi au niveau national.
Du côté de Courtine, dans le cadre de la DSP (Délégation de Service Public) de l’assainissement, vous avez le projet de méthanisation des boues porté par Véolia qui correspond à un investissement de 8 millions d’€.
« Une école d’ingénieur va s’installer sur le Technopole Agroparc »
Sur le Technopole Agroparc, y-a-t-il des projets ambitieux ?
Dans le cadre de l’OIR (Opération Intérêt Régional) Naturalité portée avec la Région, il y a une école d’ingénieur qui va s’installer sur le Technopole ainsi que la Cité de l’Innovation portée par le pôle Innov’Alliance, anciennement pôle Terralia.
Concernant le marketing territorial, quelle va être votre action ?
Il y a un bon travail qui a été fait dans ce domaine, de manière dispersée parfois. Il va falloir sans doute rappatrier cette action au Grand Avignon afin de mieux la structurer. Avec la concurrence des territoires, au delà du marketing, il y a un travail plus agressif à faire car il faut savoir se vendre.
Il ne faut pas rester passif à travers des slogans. Il faudra travailler à la coopération entre les intercos afin de se fixer des objectifs communs. Avec le potentiel qu’il y a sur notre territoire, nous n’avons pas le droit de nous manquer.
Allez-vous prolonger l’action de Monsieur Roubaud avec l’association La Grande Provence ?
Pour l’instant, les nouveaux Présidents et maires des intercos viennent de s’installer mais oui, j’ai l’intention de prolonger cette action.
Quel bilan faites-vous de la 1ère ligne de Tram et quel est le calendrier de réalisation de la seconde ligne ?
Le bilan est positif par rapport aux objectifs fixés et ce malgré le Covid-19. Les études de la seconde ligne qui reliera le parking de Piot à St Lazare doivent être rendues fin Août pour une fin de chantier prévue en 2025.
« Les maires sont déterminés à avancer »
Vous avez été mis en minorité sur le vote de la délibération concernant Monsieur Souque, maire de Morières, craignez-vous d’être régulièrement mis en minorité sur les sujets à venir, avec le risque de paralyser complètement le fonctionnement du Grand Avignon ?
Je ne suis absolument pas inquiet.
Ce vote en question est uniquement lié au RN. Si nous avions proposé le même vote concernant Monsieur Souque, mais sans rémunération, le résultat n’aurait pas été le même.
Je suis tranquille, surtout qu’il y a des maires déterminés à avancer et qui ne sont pas du tout enclin à subir ce qu’on a subi le mandat précédent. Ils veulent sortir des carcans et des positonnements de politique politicienne.
Nous allons travailler pour raccrocher Avignon à l’intérêt commun du territoire. J’ai bon espoir d’y parvenir.
Cet épisode n’altère pas ma détermination.
- 31 juillet 2020
- Jamil Zéribi
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