Près de 10 000 signatures contre l'annulation du marché de Noël
- 25 juin 2016
- Jamil Zéribi
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Il y a quelques jours, les commerçants d’Avignon ont découvert dans la presse la décision de la ville d’annuler le marché de Noël. Souhaitant donner un nouveau souffle à ces festivités, la majorité municipale compte recentrer ses actions autour des enfants et des familles à travers une programmation ambitieuse qui ne sera pas circonscrite au centre ville.
Si cette décision peut être soumise au débat car elle pose de vraies questions, c’est bien l’absence de concertation et la brutalité de l’annonce qui ont cristallisé la colère des commerçants et des avignonnais. Après s’être exprimés dans la presse, après avoir fait un rassemblement devant la Mairie, ces derniers ont lancé une pétition en ligne qui en quelques jours a recueilli près de 10 000 signatures.
De quoi parle-t-on ?
La présence du marché de Noël a Avignon remonte à 1998, la ville était alors dirigée par Marie-Josée Roig.
Ces festivités de Noël ne sont absolument pas « Franco-Françaises ». La France compte plus de 300 marchés de Noël, l’Allemagne en compte plus de 2000 et la majorité des pays de l’union Européenne propose des animations de Noël et des marchés comme l’on en trouve en France. C’est donc une tendance lourde qui séduit les consommateurs, les familles et à priori les commerçants.
Sur le plan économique, les études ont montré en 2015 que les Français dépensaient en moyenne 577 euros par foyer pour la période de Noël. D’après une enquête relayée par le Figaro sur le chiffre d’affaires généré durant Noël, la France avec ses 398 millions d’euros occupe le troisième rang du classement mondial, derrière l’Allemagne (2,4 milliards d’euros) et la Grande-Bretagne (454 millions d’euros), et fait mieux que les États-Unis (330 millions d’euros) ou la Pologne (272 millions d’euros).
C’est dire l’impact des fêtes de Noël sur notre économie.
Un enthousiasme à tempérer
Pour Olivier David, le directeur général de Bons-de-Reduction.com, le succès n’est pas au rendez-vous pour tous les marchés de Noël. Les plus gros marchés comme Paris, Strasbourg, Colmar, Angers, Nantes, Metz, Reims ou Lyon captent 72% des dépenses totales, soit près de 300 millions d’euros. Il précise « sur les plus petits marchés, où l’offre est plus réduite et l’intérêt touristique plus limité, les visiteurs ne dépensent pas plus de 10 euros chacun, pour une gourmandise et un vin chaud par exemple».
Concernant la notion de produits du terroir et des fabrications locales, là encore, les résultats sont mitigés. Si les marchés de Noël sont des vitrines pour l’artisanat et le savoir-faire des territoires, les produits Made In China sont parfois proposés aux consommateurs mettant à mal la dimension d’authenticité et le patrimoine national.
Des retombées pour les commerçants du centre ville
Au regard des chiffres cités plus haut, les commerçants du centre ville, notamment ceux qui sont situés à proximité de la place de l’Horloge sont inquiets car le marché de Noël générait une animation de qualité, une ambiance chaleureuse et une activité économique modeste mais réelle.
Dans un contexte de tensions autour du commerce de proximité, les inquiétudes relatives à l’annulation du marché de Noël apparaissent donc totalement légitimes même si des instrumentalisations politiques peuvent, à la marge, se dissimuler derrière la colère de certains commerçants.
Dans son communiqué envoyé à la presse, la Mairie s’est voulue offensive sur le nouveau dispositif et les nouvelles animations qui vont remplacer le marché de Noël.
Extrait :
« Folklore et tradition ne seront pas oubliés avec l’installation de la crèche au cœur de l’Eglise des Célestins, qui accueillera, pour la première fois, le village des santonniers : c’est ici, au cœur de cet élément majeur de notre patrimoine, que seront proposées animations, danses folkloriques, saynètes autour des traditions provençales.
Dans le même esprit qu’en 2015, les associations de commerçants seront très prochainement conviées à une première réunion de travail avec les services de la Ville afin d’élaborer des projets d’animations et des initiatives qui viendront enrichir le programme des festivités de Noël soutenu par la Ville. »
La démocratie participative envolée
C’est donc bien la forme qui a choqué les commerçants et les avignonnais attachés à ces festivités et au marché de Noël. Après le tollé médiatique des associations de commerçants qui à l’unisson ont dénoncé la méthode employée par la ville, le succès de la pétition est venu cimenter et légitimer la contestation.
Dans son parcours politique, Cécile Helle a toujours fait l’éloge de la consultation populaire et de la démocratie participative. Mieux que ça, au delà des mots, ses Ateliers de réflexion ont rassemblé des centaines d’avignonnais durant la campagne des municipales 2014. Cette nouvelle façon de faire de la politique l’a sans aucun doute aidé à gravir les marches jusqu’à l’hôtel de ville.
Ce serait fort dommage et quasiment suicidaire qu’après seulement deux ans de mandat, un Maire de 47 ans, déterminée à faire de la politique autrement, oublie ses fondamentaux de proximité et cette écoute nécessaire de la société civile, pour se conformer au management du siècle dernier.
Cette « mini crise » n’est pas insurmontable, à moins que l’indifférence et l’idéologie ne rendent les choses irréversibles…
- 25 juin 2016
- Jamil Zéribi
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