Les professionnels du tourisme et de l'hôtellerie dénoncent le vide juridique de l’économie collaborative type "Airbnb"
- 18 novembre 2015
- Thierry Wambergue
- 0
A quelques jours de son congrès national, l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, dresse un bilan argumenté sur le développement exponentiel et incontrôlé du Short renting*. Au cœur du débat, le vide juridique dans les chambres remplies de l’économie collaborative type Airbnb.
Lors de sa conférence de presse, du 5 novembre dernier, l’Umih a délivré un message clair. Aux travers des journalistes présents, son Président, Patrice Mounier (photo ci-dessus, deuxième en partant de la droite), s’est adressé, aux élus locaux et aux Pouvoirs Publics.
L’UMIH tient à signaler l’inertie gouvernementale et le manque total de cadre législatif autour d’une activité commerçante et rémunératrice, exonérée de la plupart des charges hôtelières et dispensée du coût des normes obligatoires (incendie, sanitaire, accessibilité, affichage, communication des fiches de police,…).
Depuis octobre 2015, seule la ville de Paris collecte via les loueurs la taxe de séjour payée par les clients. Le montant dont s’acquittent ces derniers est de 0,83 euros par nuit et par voyageur. Sans obligation de déclarer le nombre de nuitées perçues.
En résumé, le Short Renting crée une concurrence déloyale car le résultat net de ce type d’activité avant impôts est environ de 60 à 70 % quand celui de l’Hôtellerie est de 5 à 10 %.
La France à la pointe du phénomène international
Dans son édition 2012, le rapport de l’Organisation Mondiale du Tourisme place la France au 1er rang planétaire des pays enregistrant le plus d’arrivées de touristes internationaux. En termes de recettes, elle est 3e, derrière les Etats-Unis et l’Espagne.
Les propres statistiques d’AirBnb relatives aux nombres d’offres d’hébergement, pour des villes à surfaces comparables (entre 90 et 120 km2) indiquent, en 2015, les valeurs suivantes :
San Francisco : 6 631, Barcelone : 12 033, New York : 16 034, Paris : 35 428.
Patrice Mounier précise que le gigantisme de cet écart, s’explique, en partie, par des réflexions menées et des mesures déjà prises, dans les villes comparées.
Qui est qui ?
Il apparaît qu’aujourd’hui, la tentation est forte pour des « petits » propriétaires d’hôtels de cesser leur activité et de se positionner sur les marchés du Short Renting, en proposant leur capacité d’accueils. La moutarde monte davantage au nez de l’UMIH, lorsque l’économie collaborative gagne le marché de la restauration.
Il existe, de plus en plus de plateformes et de sites qui commercialisent des repas économiques ou des apéritifs alcoolisés, dénués de tout contrôle ou obligation légale (infrastructures énergétiques, origine sanitaire, économie circulaire, licences, santé publique …)
Des propositions concrètes
L’UMIH a parfaitement conscience que le développement de cette nouvelle économie est normale et inéluctable. Mais à partir du moment où elle n’est pas soumise à des obligations légales comparables à celles de l’hôtellerie classique, l’Union n’hésite pas à parler de concurrence déloyale.
Elle a formulé des propositions alignées, sur les principes étatiques de fonctionnement des professions membres, telles que la fixation d’une durée minimale de location de 7 jours ou d’une durée maximale de 52 jours par an, sans présence obligatoire de l’hôte sur place, l’obligation du loueur de s’enregistrer officiellement, l’obligation pour les plateformes de publier des revenus légaux …
En résumé, Il y a deux façons d’appréhender la situation. D’un côté, la valeur d’une économie jeune aux revenus libres. De l’autre, la valeur d’une industrie classique, historiquement créatrice d’emplois, aux revenus contrôlés.
Où commence et où s’arrête la concurrence déloyale dans un monde « ubérisé » ?
L’UMIH est convaincue que la réponse est quelque part, sous les lunettes de sommeil des pouvoirs publics ou locaux. En attendant, l’Umih n’a nullement caché son intention de sonner plus vivement à la porte de nos gouvernants, dès 2016 …
*location touristique de meublés de courte durée (Airbnb, Homeaway, Housetrip, Onefinestday, Sejourning, Wimdu, …)
- 18 novembre 2015
- Thierry Wambergue
- 0