Cécile Helle rassure les entrepreneurs du BTP

Jeudi avait lieu au Campus de la CCI l’assemblée générale annuelle de la Fédération du Bâtiment de Vaucluse. Composée de 400 entreprises du BTP et de l’aménagement, cette puissante fédération informe, accompagne, défend et représente les professionnels du secteur.

Pour l’occasion, son Président Jean-Yves Chemin avait invité Cécile Helle, Maire d’Avignon et Vice Présidente du Grand Avignon, pour connaître ses projets et son action dans ce domaine.

A priori, Cécile Helle ne jouait pas à domicile à la Fédération du Bâtiment. En effet, la situation dans le BTP est actuellement très tendue. Les baisses des dotations de l’état inquiètent les entrepreneurs car la commande publique est au ralenti voire inexistante. Certaines entreprises du département ont dû licencier du personnel ou carrément mettre la clé sous la porte. Sinistrée depuis des mois, la construction de logements neufs est en berne créant de vives inquiétudes et un climat de crise au sein de la profession.

Une fois le cadre posé, il n’était pas facile pour un Maire de la même couleur politique que le gouvernement de rassurer et de convaincre une assemblée au mieux fataliste, au pire, en colère. Et pourtant…

Et pourtant, au bout de 15mn d’intervention de Cécile Helle, les uns et les autres ont commencé à retrouver un brin de confiance face à l’exposé à la fois précis, franc et déterminé du Maire d’Avignon.

L’engagement de la ville

« Je connais la situation du secteur du BTP et de l’aménagement en France et évidemment dans le Vaucluse. Je suis engagée au sein de l’association des Maires de France, nous avons régulièrement des rencontres et chacun de nous est déterminé à soutenir votre filière.

La première des choses qu’il faut que vous sachiez, malgré le contexte budgétaire difficile qui nous prive de 2,5 millions d’euros de dotations de l’état, j’ai décidé de maintenir le niveau d’investissement à hauteur de 32 millions d’euros par an.

Je précise que cet argent sera largement dépensé dans des travaux importants et l’enveloppe ne sera pas remise à l’exercice suivant. Ceci peut vous rassurer sur l’urgence de la situation et même si les études sont parfois longues avant de mettre en oeuvre un projet de construction ou de réhabilitation, nous ferons chaque année des travaux à hauteur de ce montant.

Je prépare un plan pluriannuel d’investissements avec un phasage précis des travaux. »

La stratégie budgétaire

« La dernière étude de l’INSEE montre qu’Avignon perd des habitants. La ville est endettée à hauteur de 2000 euros par habitant quand les autres villes de la même taille le sont à 1400 euros. Nous devons donc être rigoureux sur le plan budgétaire.

La maitrise de nos dépenses de fonctionnement est très importante. Elle s’est inscrite dans notre budget dès cette année.

Dans cet esprit, je souhaite le regroupement de nos services municipaux dans un seul bâtiment car l’éparpillement de ces services se fait actuellement sur 50 sites différents.

Au delà d’être inadaptés pour le bon fonctionnement quotidien de ces services, certains bâtiments ne sont pas aux normes sur le plan énergétique, ils coûtent très chers à entretenir et ne peuvent pas accueillir des personnes à mobilité réduite. Nous menons une étude sur le regroupement de ces services dans un seul bâtiment. Nous ferions là des économies importantes dans le fonctionnement et l’entretien de nos locaux.

Après les économies de fonctionnement, il est nécessaire d’aller chercher des ressources pour améliorer nos capacités d’actions. Là encore, nous ne restons pas les bras croisés. Le Label Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte a rapporté 2 millions d’euros à l’Agglo, ce n’est pas rien. Récemment, j’ai pesé de tout mon poids dans les négociations avec la Région et Michel Vauzelle pour obtenir, dans le cadre du Contrat Régional d’Equilibre Territorial, une aide à l’investissement pour l’agglomération de 14 millions d’euros sur 3 ans.

Dans le volet NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain), à partir de 2017 quand le programme sera enclenché, il y aura des moyens très importants déployés sur notre territoire pour réhabiliter des logements sociaux notamment. Je pense à la rocade.

Autre source d’aides publiques pour la ville, le contrat de plan Etat-Région permet de soutenir les territoires « politique de la ville » pour la réhabilitation, je souhaite que des moyens soient affectés pour les quartiers Nord : St Jean, Grange d’Orel et Reine Jeanne.

Je répète l’un de mes engagements de campagne, je n’augmenterai pas la fiscalité des Avignonnais durant ma mandature.

Économies de fonctionnement, captation de nouvelles sources de financement et arrivée de nouveaux habitants, voilà ma stratégie pour permettre le développement de notre territoire. »

Les grands travaux

« J’ai demandé à l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) de me faire une étude et un diagnostic de nos bâtiments publics.

La situation ne peut pas durer, certains bâtiments de la ville sont des passoires énergétiques qui ont un coût de fonctionnement très élevé, je souhaite engager des réhabilitations importantes notamment dans les écoles de la ville.

Sur la voirie en centre ville, je veux que des travaux soient engagés en 2016 à la place St Didier, cette place est délaissée alors qu’elle a un vrai potentiel. Je veux que l’on fasse des travaux à la rue Bonneterie car elle fait le lien entre la rue des Teinturiers et les Halles, nous devons mieux valoriser cette rue. En 2017, 2018, nous nous consacrerons à la rue Carreterie qui là encore mérite une attention particulière. C’est une entrée de ville, il y a l’Université à proximité, cette rue se paupérise, les magasins ferment, il faut des investissements importants pour redonner de la vie dans le quartier.

Autre sujet qui me tient à cœur, la remise en marche des projets de construction sur la Zac de Bel Air, l’Eco Quartier Joly Jean de 42 hectares rangé dans les tiroirs depuis 2009 et Avignon Confluence en Courtine.

Les projets de logements se sont trop souvent développés par « opportunité » dans la ville, je souhaite au contraire que ces projets structurants soient pensés avec des logements, des commerces et quand c’est possible, des services publics afin de donner de la vie à l’ensemble. Nous travaillons avec des urbanistes et des paysagistes pour créer une véritable identité à ces nouveaux quartiers. Agroparc est un bel exemple dans ce domaine.

Autre sujet auquel il faut nous préparer, d’après les nouvelles cartes concernant les territoires inondables en Courtine, les services de l’état et de la préfecture ont semble-t-il encore restreint les possibilités de construction. Je compte sur vous pour m’aider à construire la mobilisation s’il le faut afin de convaincre le préfet car le PPRI (Plan de Prévention Risques d’Inondations) ne doit pas figer ce territoire.

Je souhaite absolument étudier des constructions nouvelles qui s’adaptent à ces contraintes. Regardez le quartier de Lyon Confluence, c’est une réussite. Hambourg également a été à la pointe pour construire des logements et des bâtiments qui prennent en compte les possibilités d’inondations.

Dans le domaine privé, nous soutenons le projet de Grand Delta Habitat de rénovation de l’ensemble du quartier de La Barbière et les travaux aussi qui seront mis en œuvre à St Chamand.

Quand au pôle multimodal logistique en Courtine, il est nécessaire d’avancer sur la LEO sinon, la réalisation du pôle va générer l’afflux de nouveaux camions en courtine avec le risque de congestionner la circulation. »

La LEO

« Dans le dossier de la LEO, le volet environnemental n’a pas été assez mis en avant alors que les nuisances sont réelles pour les 20 000 habitants de la rocade. La ville d’Arles a su faire valoir cette dimension et son projet de déviation a été retenu par l’état quand le nôtre était repoussé à 2030.

Cependant, je suis heureuse qu’au plus haut niveau de l’état, on ait pris en compte ma proposition de mettre à l’étude la réalisation du barreau d’1km.

Quant à la tranche 3 qui permettra le franchissement du Rhône pour aller dans le Gard, un Partenariat Public Privé et de possibles financements européens permettront je pense d’accélérer sa réalisation. »

Le Tramway

« Vous connaissez ma position, je préférais un bus en site propre plutôt qu’un Tramway, les élus du Grand Avignon ont tranché, je respecte cette décision. La ligne retenue mènera le Tramway de la Gare centre à St Chamand. Jean-Marc Roubaud souhaite construire le centre de maintenance en lieu et place du centre nautique de la Route de Marseille.

J’ai refusé car je souhaite que cette piscine soit réhabilitée et reste une infrastructure au service des Avignonnais. Je lui ai fait deux propositions de sites pour accueillir le centre de maintenance. »

La prison St Anne

« Je souhaite que le projet de réhabilitation de la prison soit à la fois un lieu de création culturelle pour des ateliers d’artistes, un lieu qui accueille des galeries et des commerces et enfin, un lieu qui accueille des logements à dimension intergénérationnelle.

Je veux que le quartier de la Banasterie retrouve de l’animation et attire des commerçants. J’ajoute que ce projet viendrait renforcer l’identité culturelle des lieux avec la manutention, Utopia et les locaux de l’AJMI déjà implantés à proximité.

Nous sommes en contact avec des investisseurs qui maitrisent ce genre de réalisation, je souhaite qu’on avance sur ce projet. « 

1h30 plus tard, Jean-Yves Chemin concluait ces échanges en saluant la détermination et les nombreux projets de Cécile Helle. Le Maire d’Avignon a fait une très bonne impression auprès des entrepreneurs présents dans la salle. Une impression qui sera à la hauteur de la déception si tout ou partie de ces projets ne se réalisent pas d’ici 2020, la fin de sa mandature.

Maire de la ville centre de l’Agglomération, Vice Présidente chargée des Finances et de l’Économie au sein de l’Agglomération, Cécile Helle a tous les leviers pour aller au bout de son ambition de « réinventer Avignon »…